- KRIEGSPIEL
- KRIEGSPIELKRIEGSPIELAvec la croyance que la conduite de la guerre est soumise à des lois scientifiques, apparaissent des jeux où l’on tente délibérément de reproduire les conditions du combat. C’est le cas en Allemagne à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle.Le premier jeu qui mérite vraiment le nom Kriegspiel est inventé par deux Prussiens, les Reisswitz, père et fils. Sur une carte au 8/1 000 évoluent des pions, de deux couleurs conventionnelles (bleu et rouge), représentant des unités et occupant sur la carte la surface que les unités occuperaient sur le terrain. Chaque coup dure deux minutes, pendant lesquelles le joueur peut déplacer ses pions d’une distance proportionnellement égale à celle parcourue sur le terrain par une unité dans le même laps de temps. Un arbitre règle les litiges et dispose de dés qui jouent le rôle du hasard. Adopté en 1824 par l’armée prussienne, ce jeu de kriegspiel est désormais utilisé comme instrument de formation à la tactique et à la prise de décision. Très rigide dans ses règles, il s’assouplit après les succès allemands de 1866 à 1870. L’expérience du combat aidant, une plus grande liberté est laissée aux joueurs, et l’arbitre, perdant ses dés, y gagne en pouvoir de décision. Ce jeu devient pratique courante dans tous les États. En France, l’École de guerre l’adopte à la fin du XIXe siècle. Quant aux Anglo-Saxons, ils découvrent les war games après 1870 et les pratiquent régulièrement.Par le kriegspiel, les Allemands étudièrent notamment l’élaboration de leurs plans d’invasion avant 1914 (plan Schlieffen), puis tous les mouvements de l’offensive dans les Ardennes en 1940: c’était éprouver les plans opérationnels avant leur mise en œuvre sur le terrain.Avec la Seconde Guerre mondiale, puis la guerre froide, se développent des méthodes plus scientifiques que le kriegspiel proprement dit. La recherche opérationnelle — application du raisonnement quantitatif aux problèmes d’armements, de tactique et de stratégie — est à l’origine de tout un ensemble de techniques d’analyse dont les jeux de guerre ne sont qu’une forme, mais une forme nécessaire pour pallier le manque de faits expérimentaux dans le domaine de la guerre nucléaire. Parmi ces jeux de guerre, à côté des jeux arbitrés (type kriegspiel libre), on note les jeux sur ordinateur capables de traiter rapidement un grand nombre de données et les jeux mathématiques (théorie des jeux).⇒KRIEGSPIEL, subst. masc.TECHN. MILIT. Exercice consistant en l'étude sur la carte de thèmes tactiques et stratégiques à l'aide d'une représentation figurée des unités de manœuvre. Par le kriegspiel, les Allemands étudièrent notamment l'élaboration de leurs plans d'invasion avant 1914 (plan Schlieffen), puis tous les mouvements de l'offensive dans les Ardennes en 1940 : c'était éprouver les plans opérationnels avant leur mise en œuvre sur le terrain (Encyclop. univ. t. 19 1975, p. 1056).Prononc. : [
(s)
]. Étymol. et Hist. 1922 (Lar. univ.). Mot all. (Kriegsspiel), de même sens, littéralement « jeu de la guerre », attesté dep. le XVIIIe s. (WEIGAND).
kriegspiel [kʀikʃpil] n. m.❖♦ Didact. Étude de thèmes tactiques et stratégiques avec la figuration d'unités de manœuvre sur la carte. ⇒ (anglic.) Wargame.0 J'y arrivais après vingt ans de vie militaire de France, nourri dans les arcanes des États-Majors, des brevets, des manœuvres et des kriegspiels (…)L. H. Lyautey, Paroles d'action, p. 292.
Encyclopédie Universelle. 2012.